Monday, May 22, 2006

It's the Unemployment that make it precarious, not the flexibility


C'est le chômage qui rend précaire, pas la flexibilité.
Aujourd’hui, la Grande-Bretagne a le meilleur taux d’emploi du G7 avec 71,6 % et le deuxième taux de chômage le plus faible avec 4,7 %. Comment l’Angleterre, qui fut convoquée auprès du F.M.I. pour cause de cessation de paiement en 1977, a-t-elle retrouvée la voie de l’emploi ?
L’ambassadeur Sir John Holmes nous explique ci-dessous comment la combinaison d’une véritable réforme de fond et d’un traitement économique du chômage a permis de redresser une situation que d’aucun croyait irréversible.

Certes, la réforme engagée au début des années 80 a coûté cher à court terme. Personne ne le nie ; car il n’est jamais facile de redresser une entreprise. La suppression des subventions et des aides de l’Etat, et le redressement de la rentabilité qui fut le préalable à des privatisations réussies, ont fait disparaître des milliers d’emplois. Mais ces emplois étaient irrémédiablement condamnés, réforme ou pas.
Personne ne peut nier non plus, avec le recul de vingt années, les bénéfices à terme de ces sacrifices que les français n’ont jamais consenti dans les années 80 alors que le gouvernement de l’époque explorait un autre monde.
Nous avons aujourd’hui le recul pour faire le bilan significatif des deux expériences : de ce côté-ci de la Manche, la génération Mitterrand nous laisse un pays irréformable alors que tout reste à faire ; de l’autre côté, les années Thatcher ont remis l’Angleterre en marche. Comme ce bilan ne nous est pas favorable, on se perd en contorsions hypocrites, en mauvaise foi et autres écrans de fumée. Pourtant, c’est notre pays qui fera les frais de cet aveuglement persistant, pas les anglais…C’est donc à nous de réagir.

Force est d’admettre que la thérapie de choc des années Thatcher a contribué à changer les mentalités, faisant notamment comprendre aux anglais qu’ils ne pouvaient pas indéfiniment vivre au-dessus de leurs moyens (alors que le train de vie de l’Etat britannique progressait plus vite que le rythme de la croissance économique). Tony Blair n’est jamais revenu à la situation antérieure et a mis en œuvre une politique économique fondamentalement libérale.

« Au début des années 80, les chômeurs indemnisés n’étaient plus tenus de justifier de leurs recherches puisqu’ils pouvaient continuer à toucher leurs prestations sans se rendre dans les agences pour l’emploi. A cette époque, on voulait protéger à tout prix les travailleurs et éviter les licenciements économiques. On les incitait à sortir du marché du travail et à se mettre en situation d’inactivité, de « victimes » d’un système qui leur devait une prise en charge financière. La réforme ne s’est pas faite du jour au lendemain, mais elle a peu à peu pris une ampleur telle que le marché du travail s’est beaucoup flexibilisé […]. Le corollaire, c’est que celui qui perd son emploi en retrouve un autre sans mal, car les entreprises n’hésitent pas à recruter, sachant qu’elles pourront s’adapter si nécessaire. Pour nous, c’est le chômage et non la flexibilité qui induit la vraie précarité […]. Privilégier la création des entreprises mène naturellement à l’emploi, ce qui mène à son tour à la croissance » [1].

Si les anglais l’ont compris, les français sont bien capables de le comprendre, un jour.
[1] Lettre Outre-Manche n°163, Ambassade de Grande-Bretagne, Mars 2006.

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